Le secteur du transport et de la logistique, essentiel à l’économie mondiale, est aussi le principal émetteur de gaz à effet de serre en France.
Face aux objectifs climatiques de l’UE et de la France (réduction de 55 % des émissions d’ici 2030, neutralité carbone en 2050), la décarbonation devient une priorité. Cela passe par l’adoption de modes de transport plus durables et la réduction des carburants fossiles, s’inscrivant ainsi dans une démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE).
Les défis pour les retailers
- Ecologiques :
le secteur du retail, avec son volume de livraison en augmentation doit réduire ses émissions de GES ce qui lui permettrait de faire un pas en avant dans la maîtrise de son impact sur le climat.
- Economiques :
- Coûts élevés des nouvelles technologies : L’acquisition de véhicules électriques ou à hydrogène représente un investissement important.
- Besoin d’investissements massifs : ces nouvelles technologies nécessitent la mise en place des infrastructures comme les stations de recharge.
- Réglementaires :
- L’instauration des Zones à Faibles Émissions (ZFE) obligent les acteurs du retail à moderniser rapidement leurs flottes de véhicules pour répondre aux nouvelles réglementations.
- Les taxes carbones augmentent les coûts opérationnels. Les enseignes doivent donc trouver des moyens de réduire leurs émissions pour éviter ces taxes.
- Organisationnel :
le retail doit s’adapter aux nouveaux comportements d’achat en optimisant les flux logistiques pour allier rapidité, coût, flexibilité et durabilité. L’excellence opérationnelle dans le transport est cruciale pour offrir une expérience client optimale. Cependant, cette transformation nécessite une gestion du changement efficace, avec un accompagnement des équipes pour intégrer les nouvelles technologies et méthodes de travail, garantissant ainsi la compétitivité des enseignes.
- Réputation :
les consommateurs, de plus en plus sensibles aux enjeux environnementaux, attendent des enseignes qu’elles adoptent des pratiques durables. Selon un baromètre, 76 % des Français estiment nécessaire d’agir pour l’environnement. Pour gagner leur confiance, les retailers doivent prouver leur engagement et communiquer de manière transparente sur leurs efforts de décarbonation.
Les solutions pour la décarbonisation du transport
1. Électrification des flottes et carburants alternatifs
Les véhicules électriques (camions, fourgonnettes) et les carburants alternatifs représentent une alternative propre aux motorisations thermiques et une solution pour réduire la dépendance aux énergies fossiles. Des options comme les biocarburants, l’hydrogène vert ou le gaz naturel pour véhicules sont de plus en plus utilisées.
Par exemple, PepsiCo a lancé ses premiers camions électriques en France, visant une réduction de 40 % de ses émissions de CO2 d’ici 2030. Ces camions, équipés de batteries Volvo, circulent principalement en région parisienne.
2. Optimisation logistique
L’IT offre un énorme potentiel pour réduire les émissions et améliorer les performances du secteur du transport logistique.
- Les jumeaux numériques optimisent les réseaux de transport en maximisant la rentabilité des trajets, réduisant ainsi les coûts et l’empreinte carbone.
- La logistique collaborative, qui permet de mutualiser les flux entre entreprises, devient un modèle dominant pour maximiser l’efficacité.
- L’IA, utilisée pour prédire la demande et optimiser les itinéraires, est un levier stratégique pour les entreprises. Par exemple, Decathlon exploite l’IA pour prédire les tendances de commandes et optimiser la gestion de ses stocks. L’entreprise prévoit de l’utiliser pour révolutionner la livraison du dernier kilomètre, rendant celle-ci plus rapide, flexible et durable.
3. Report modal
Le report modal, également appelé transfert modal, consiste à déplacer le transport de marchandises de la route vers des alternatives plus durables, comme le ferroviaire, le fluvial ou le maritime. Cela permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’atténuer la congestion routière.
- Le transport fluvial, avec le plus grand réseau de voies navigables d’Europe (8 500 km), joue un rôle clé dans la transition énergétique. Pour chaque convoi fluvial de 5 000 tonnes, ce sont jusqu’à 250 camions en moins sur les routes, faisant du transport fluvial de marchandises une solution économique, propre, fiable et sûre.
Plusieurs exemples concrets illustrent cette transition :
- Dès 2025, le transport fluvial sur le canal du Midi à Toulouse utilisera des barges électriques, avec des vélos cargo pour une logistique du dernier kilomètre propre, inspirée par des initiatives similaires à Lyon, Strasbourg et Paris.
- Kiabi privilégie le transport par barge pour ses livraisons, réduisant ses émissions de CO2.
- L’entreprise TOWT innove avec des voiliers-cargo, des navires à propulsion principale vélique, permettant un transport maritime décarboné. Selon l’entreprise, ses navires émettent environ 90 % de CO2 en moins que les porte-conteneurs traditionnels.
- L’entreprise TOWT innove avec des voiliers-cargo, des navires à propulsion principale vélique, permettant un transport maritime décarboné. Selon l’entreprise, ses navires émettent environ 90 % de CO2 en moins que les porte-conteneurs traditionnels.
- Le transport ferroviaire représente une alternative au fret maritime pour les trajets longue distance, comme celui de la Chine à la France via la Route de la Soie (11 000 km). Bien que plus coûteux que le fret maritime, il est deux fois moins cher que le fret aérien. Cependant, des tensions géopolitiques, comme la guerre en Ukraine, peuvent affecter sa fiabilité et rentabilité.
Ainsi, la marque de cosmétiques biologiques Avril a récemment annoncé que la moitié de ses produits seront désormais transportés par train pour leur transport amont. Cette initiative aura un impact significatif sur l’empreinte carbone de l’entreprise, permettant d’éviter l’émission de 10 tonnes de CO2 cette année.
En conclusion, la décarbonation ne se limite pas à une contrainte réglementaire ; elle représente également une opportunité stratégique pour les retailers de créer de la valeur et de renforcer leur compétitivité. Certes, les défis restent nombreux, mais les avancées technologiques et l’évolution des cadres réglementaires offrent des leviers concrets pour accélérer la transition vers un modèle logistique plus durable.
Les enseignes ont un rôle déterminant à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique, conciliant impératifs environnementaux et performances économiques. Celles qui s’adaptent rapidement seront celles qui gagneront la confiance des consommateurs et assureront leur pérennité.
Par Lucy Charlet
