L’Achat Responsable, un pilier de la RSE
L’Achat Responsable est un levier essentiel à la mise en place d’une politique de Développement Durable. Il émane d’un processus long car c’est d’abord dans sa sphère privée que l’individu s’est inquiété du devenir de sa santé, de l’avenir de la planète et de l’égalité de traitement entre tous les hommes. Ces convictions ont ensuite trouvé un réel écho dans l’ensemble des organisations.
Aujourd’hui, pratiquer l’achat responsable consiste à négocier avec un fournisseur de manière sérieuse et réfléchie. L’Achat Responsable intègre l’ensemble des conséquences de ce choix pour soi-même bien sûr, pour l’organisation à laquelle on appartient et surtout pour répondre à une philosophie forte du consommateur de 2020. C’est une attente générationnelle de respect et d’équilibre autour de l’Humain dans l’ensemble de son écosystème, aujourd’hui normée et encadrée.
Enfin, au-delà de la réduction des impacts, les organisations qui appliquent une stratégie RSE, sont amenées à s’engager dans des plans de transformation de l’ensemble des données générées par cette nouvelle relation fournisseur/consommateur.
Cette démarche d’Achat Responsable repose donc sur 4 piliers :
- La protection de l’Homme et de la Planète : l’évidence
- La collaboration avec le fournisseur : gage de sécurité et de projection vers l’avenir
- La Digitalisation : transformation indispensable d’une stratégie Achat Responsable efficiente
- Le critère social et sociétal : l’ultime critère de l’Achat Responsable
PILIER 1 – La protection de l’Homme et de la Planète
Protection de l’homme
| La première brique de la démarche d’Achat Responsable porte évidemment sur la protection de l’Homme et de sa Santé. C’est en 1986 que « l’amélioration de la nutrition » est inscrite dans la résolution JOCE du Conseil Européen pour au départ prévenir les risques de cancers. Cette directive s’est donc d’abord traduite par un projet de loi sur l’étiquetage nutritionnel des denrées alimentaires, puis abordée de manière systématique pour l’amélioration de la nutrition en général. Les distributeurs et les acheteurs ont donc dû intégrer ces critères de sélection et opérer un premier arbitrage. La législation évoluant au fil des crises sanitaires, toute démarche RSE aujourd’hui s’appuie sur le respect des normes en vigueur. |  |
Cette préoccupation sur la santé du consommateur concerne aussi toutes les problématiques de composition chimique des produits manufacturés conformément au règlement européen REACH ou de l’utilisation des substances dangereuses dans les équipements électriques et électroniques via la directive européenne RoHS. Les acheteurs ont vu émerger de nouvelles gammes plus « naturelles » de produits d’entretien, de bricolage et de textile. Des certifications sont aujourd’hui indispensables pour la distribution dans l’univers de l’électronique, l’informatique, le jouet, la décoration. Là encore, les services Achats se doivent d’être parfaitement informés et respectueux des règles en vigueur dans leur sélection.
Aujourd’hui, les normes RSE partent de ces postulats de respect des règles en vigueur pour aller encore plus loin soit dans la gestion de crise en cas problème produit (procédure de retrait rappel, plan de continuité ..) soit dans l’amélioration continue du produit et des normes afférentes, en partenariat avec des organismes de recherches ou des associations de consommateurs.
Pour finir, au-delà du cadre légal, l’Acheteur Responsable doit en permanence répondre aux tendances de consommation vers ce « Mieux Manger, Mieux Vivre » constatée par exemple avec la vague de fond Bio/Vegan sur toutes les catégories Achat.
Protection de la planète
| La protection de la planète et plus spécialement la gestion des ressources fut l’autre action visible en particulier avec l’initiation de toutes les démarches de recyclage des emballages. Si la première loi sur l’organisation de la collecte et des déchets en France date de 1975, c’est en 1992 que la loi Royal impose aux entreprises de recycler leurs déchets. Les fabricants et les distributeurs se sont concentrés en premier lieu sur les emballages secondaires puis primaires. |  |
Aujourd’hui, le sujet est adressé dans toutes les catégories d’achat comme critère de sélection :
- Emballage primaire issu à 100% de matières recyclées, tétrapack, PET opaque, ou verre avec leur schéma de consigne ou récupération
- Etude sur des cartons d’emballage plus légers tout aussi solides
- Développement du vrac
La deuxième vie d’un produit devient elle-même critère de choix : les stratégies “achat” intègrent dans chaque écosystème l’offre d’occasion ou de produits issus de matière recyclée, offre très importante dans le textile ou la décoration par exemple.
Et pour aller jusqu’au bout de la démarche RSE, la fin de vie du produit devra s’inscrire dans la réflexion afin de proposer aux consommateurs des solutions de gestion, les distributeurs étant encore une fois le maillon de communication et de transmission entre le consommateur et l’organisation de gestion de cette phase finale.
La notion de ressource touche évidemment les produits en tant que tel : on pense à la gestion des essences de bois que ce soit pour la fabrication des meubles, du charbon de bois ou de l’huile de palme, la pêche des grands fonds ou le dilemme des terres rares. Les acheteurs aujourd’hui s’appuient sur des labels et des organismes reconnus comme the Forest Trust. La protection de l’environnement est une caractéristique majeure de stratégie d’achat qui participe à la transition écologique. Evidente dans l’univers agricole comme la démarche HVE, une stratégie d’achat responsable va mesurer l’impact de toute production sur son environnement direct, comme l’usage et le traitement de l’eau par exemple. Une politique d’achat responsable sera sensible à toutes les démarches des fournisseurs qui iront encore plus loin pour atténuer le changement climatique et préserver la biodiversité.
L’impact du transport
Les initiatives se sont multipliées ces dernières années pour tendre vers une logique de “green logistique” (révision des palettisations, utilisation de carburant propre, optimisation des flux…). Une logique d’Achat RSE incite donc les distributeurs à penser total Supply Chain et de ce fait optimiser leur coût d’acquisition vers un TCO « Total Cost of Ownership » comprenant l’acheminement, l’utilisation et la fin de vie du produit ce qui pour les enseignes est synonyme de stocks, de casse, de SAV….. Toutes ces étapes peuvent être optimiser avec les fournisseurs par un travail plus prédictif sur les ventes ou les phénomènes saisonniers.
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Ce rapide inventaire met déjà en lumière le volume et la complexité de connaissances que doivent manipuler les services achats, épaulés d’autres services – qualité, supply – extrêmement compétents et rigoureux. La connaissance du produit, de sa conception, de sa réglementation, des différents intervenants et de leur implication dans cette transition écologique complète la dimension économique d’un achat et c’est en ce sens que l’acheteur responsable se doit d’avoir une vision approfondie de sa gamme via l’intégration de l’ensemble de ces critères dans sa grille d’évaluation des fournisseurs. |
>> Retrouvez la suite de notre dossier sur “Les fondements d’une politique Achat RSE ” :
- Pilier 2 “La collaboration avec le fournisseur » & pilier 3 « La Digitalisation » : lire l’article
- Pilier 4 “Le critère social et sociétal” : lire l’article
Par Catherine Fedrigo