Mécanisation, automatisation et robotisation sont liées à l’introduction de processus technologiques visant à améliorer l’efficacité et la productivité des activités. Ces 3 notions sont communément reprises sous l’appellation générique de “ Mécanisation ”.
La mécanisation suggère l’utilisation de machines pour accomplir des tâches précédemment effectuées manuellement. L’automatisation concerne l’utilisation de systèmes informatisés et électromécaniques pour réaliser des tâches sans intervention humaine directe afin d’accélérer les processus, améliorer la précision et réduire les erreurs. La robotisation suppose l’utilisation de machines autonomes capables de réaliser des tâches physiques complexes et variées où le robot est capable de prendre des décisions par lui-même. On passe alors d’une organisation de l’activité qui suppose le déplacement de l’opérateur vers le produit (notion de « Person to Goods ») à une organisation où le produit est acheminé depuis sa zone de stockage à l’opérateur (notion de « Goods to Person »). La diminution du déplacement humain augmente naturellement la productivité.
Les avantages principaux de la mécanisation
Efficacité accrue :
Les systèmes automatisés accomplissent des tâches répétitives et intensives en main-d’œuvre plus rapidement et de manière plus cohérente qui augmente l’efficacité globale des opérations en termes de qualité de prestations, de délai d’exécution et de fiabilité. Ils diminuent également le temps passé à des activités sans valeur ajoutée.
Productivité améliorée :
La mécanisation permet un traitement plus rapide des commandes qui se traduit par une augmentation de la productivité de l’entrepôt et une réduction des délais de livraison.
Réduction des coûts de main-d’œuvre :
Bien que les coûts initiaux de mise en œuvre d’un système automatisé soient élevés, la réduction des besoins en main-d’œuvre permet des économies significatives à long terme.
Fiabilité en hausse :
Les machines automatisées sont moins sujettes aux erreurs, ce qui améliore la fiabilité du stock et des expéditions.
Utilisation efficace de l’espace :
Les systèmes automatisés sont conçus pour utiliser l’espace disponible de manière plus efficace, permettent une utilisation intégrale de la hauteur de l’entrepôt et l’optimisation de la disposition des produits.
Amélioration de la sécurité et des conditions de travail :
L’introduction de machines améliore généralement les conditions de travail en éliminant certaines tâches répétitives, pénibles ou dangereuses pour les équipes.
Les Inconvénients et les Risques
Même si Automatisation et Robotisation présentent de nombreux avantages en logistique, elles comportent des contraintes à prendre en compte et à analyser dans le cadre du projet.
Coûts élevés :
La mise en place d’un tel équipement peut s’avérer extrêmement couteux. La formation du personnel et la mise en place de l’infrastructure appropriée, les systèmes de convoyeurs automatisés… représentent un investissement initial élevé difficile à supporter pour des petites entreprises ou des entrepôts à marge réduite.
Complexité d’intégration et de mise en œuvre :
L’introduction de la mécanisation dans un entrepôt exige une intégration soigneuse avec les processus existants de l’entreprise qui peut entraîner des perturbations opérationnelles. L’harmonisation des systèmes automatisés avec les autres aspects de la chaîne d’approvisionnement représente souvent un défi technique et nécessite une formation spécialisée pour le personnel.
Maintenance et fiabilité :
Les systèmes mécanisés nécessitent une maintenance régulière pour fonctionner de manière optimale. Les pannes mécaniques qui peuvent survenir et leur réparation entraînent des temps d’arrêt coûteux et perturbe l’activité des entrepôts.
Flexibilité limitée :
Les systèmes mécanisés sont souvent conçus pour des tâches spécifiques et sont beaucoup moins flexibles que les opérations manuelles en cas de fluctuations importantes de la demande ou de changements dans la gamme des produits gérés. La mise en place de la mécanisation nécessite souvent une refonte complète des processus logistiques et de l’organisation de l’entrepôt.
Dépendance à l’égard des technologies :
La mécanisation logistique rend une entreprise dépendante des technologies spécifiques utilisées. En cas de panne majeure ou de dysfonctionnement des systèmes automatisés, l’entreprise est confrontée à des perturbations et des retards importants.
Impacts sur la composition des équipes :
La gestion des systèmes mécanisés nécessite des compétences spécialisées pour la programmation, l’entretien et la supervision que l’entreprise doit nécessairement acquérir. A contrario, la mécanisation réduit le besoin de main-d’œuvre pour les travailleurs non qualifiés.
Le cas particulier de la sous traitance :
Quand une entreprise gère sa logistique en interne, elle est seule partie prenante dans la notion de durée et de ROI de la mécanisation. En revanche, un sous traitant logistique d’une entreprise reste toujours soumis à la reconduction de son contrat (généralement de 3 ans) et aura donc une certaine réticence à s’engager dans un investissement lourd sans certitude, sachant que le ROI moyen d’une mécanisation est de 3 à 5 ans.
Comment réussir sa Mécanisation ?
Eviter la mécanisation à outrance
Le principal écueil à éviter est une mécanisation qui fait perdre en agilité, notamment dans des secteurs où les produits vendus peuvent changer rapidement (séries limitées, par exemple) ou varier selon la saison.
La mise en place de process automatisés efficaces requiert une analyse approfondie des flux. Le type de produits, l’agencement des zones de stockage et des postes de travail, ainsi que le rôle du personnel dans le processus global doivent être pris en compte avant de mettre en place une automatisation.
Chaque entrepôt est unique selon sa configuration, son organisation, sa superficie et la typologie des produits gérés. La mécanisation de certains processus peut être pertinente dans un entrepôt et malvenue voire infaisable dans un autre.
Valider l’intérêt et l’étendue de la mécanisation d’un entrepôt
Identifier les gammes de produits éligibles car les solutions ne permettent pas de prendre en charge des articles dépassant une certaine dimension. Dans ce cas, il faut stocker ces produits dans des zones dédiée. Dès qu’un produit n’entre pas dans les processus de mécanisation prévus au départ, le flux doit nécessairement passer en mode dégradé avec un traitement manuel et il est nécessaire de mettre en œuvre un processus de consolidation engageant des coûts en surface, en temps et en hommes supplémentaires. Ce process hors mécanisation provoque une perte de temps ainsi qu’une baisse de productivité et de qualité de service.
Analyser la structure des commandes à servir car raisonner à la commande n’est pas toujours pertinent pour des commandes comportant majoritairement peu de lignes et/ou peu de quantités.
Prendre en compte le pic d’activité quotidien qui peut être concentré sur un créneau horaire relativement court. Dans ce cas, la solution mécanisée risque d’être surdimensionnée sur une bonne partie de la plage d’exploitation et l’organisation de la production en 2 ou en 3 postes ne sera pas toujours applicable, ce qui ne sera pas sans conséquence sur le coût global du dispositif.
Intégrer le fait que la mécanisation n’est pas la solution miracle à toutes les questions de logistique, notamment du fait de la vitesse des robots et par la nature des produits traités. Il faut plutôt considérer la mécanisation comme un support facilitant la production de l’entrepôt. Par conséquent, il est souvent nécessaire d’imaginer un entrepôt mixte comprenant des modules mécanisés et non mécanisés.
Incorporer les équipes et les perspectives futures
Un projet de mécanisation d’entrepôt entraine une modification profonde des modes et des habitudes de travail. Les équipes doivent être impliquées dès les phases de réflexion du projet. D’abord pour les rassurer quant à la pérennité de leur emploi mais également pour leur expliquer l’impact positif que la mécanisation aura sur leur quotidien.
Il est indispensable de penser à la pérennité de l’installation qui doit pouvoir s’adapter à l’évolution des articles traités par l’entrepôt (gabarit, poids, conditionnement…), en particulier dans le cadre d’un entrepôt dédié au e-commerce.
Malgré les gains de productivité qu’elle apporte, elle doit s’intégrer dans le pilotage global de l’entreprise et s’accompagner d’une réflexion continue sur l’ajustement des processus logistiques pour répondre à l’évolution des enjeux opérationnels et commerciaux de l’entreprise. De plus, le résultat concernant le ROI sera très différent si l’on prend en compte l’ensemble de la chaîne et les investissements qu’une automatisation évite en cas de développement de l’activité. Par exemple, en augmentant la hauteur de stockage et en densifiant l’espace, on évitera l’ouverture d’un entrepôt grâce à une multiplication par deux ou trois de la capacité de stockage par rapport à un système classique.
Un risque sous-estimé, le piratage :
Le risque majeur pour un entrepôt totalement ou fortement automatisé, c’est la panne informatique globale et durable. Dans ce cas, la production cesse, les marchandises ne peuvent plus être livrées et toute la chaine d’approvisionnement de l’entreprise est bloquée.
En dehors d’un bug informatique du logiciel pilote, un péril plus sournois menace les Supply Chains : les cyberattaques qui paralysent tout ou partie des systèmes en corrompant ou en cryptant les données. Plus de 75 grosses entreprises de transport et de logistique ont été touchées ces 3 dernières années et soumises à demande de rançon pour libérer les données.
Il est donc capital qu’un Plan de Continuité d’Activité accompagne la mécanisation d’un entrepôt et particulièrement dans le cas où l’entreprise dispose d’un seul site.
En résumé, une mécanisation réussie suppose de :
- Bien évaluer les fonctions de l’entrepôt
- Être en cohérence avec la stratégie de l’entreprise
- Identifier les fonctions et les flux à gisement de valeurs
- Raisonner au-delà de l’entrepôt et intégrer les évolutions futures probables
- Prévoir une démarche d’amélioration continue
- Établir un Plan de Continuité d’Activité
- Mettre en place une organisation évolutive
Alors, on mécanise ?
Bien entendu, utiliser les possibilités apportées par la technologie est tout à fait logique et souhaitable mais celle-ci doit se faire de manière raisonnée, rationnelle et surtout évolutive.
Dans un contexte ultra changeant et mobile, il convient de rester agile en ne s’enfermant pas dans un équipement et une organisation mécanisée rigides.
Mettre en place la mécanisation adaptée à votre activité ?
Étant donné l’évolution des attentes des consommateurs et les challenges auxquels fait face la supply chain, la mécanisation devient un sujet majeur qui doit être pris en compte pour améliorer l’efficacité des entrepôts et le respect de la promesse client.
Envie de mettre en place la mécanisation adaptée à votre activité ou juste en discuter ?
Sources :
Square : Mécanisation, Automatisation, Robotisation
SSI Schaefer : Le Guide de la Performance Intralogistique
Scallog : Le guide de l’Intralogistique en France